Échappée Virtuelle, Véronique
Les vertus du confinement

Ce texte s’inscrit dans le projet “Échappée virtuelle“, Véronique est la troisième personne à témoigner.
À noter : ce témoignage a été publié après relecture et accord de Véronique.

Parfois, les événements qui surgissent s’inscrivent dans un environnement prêt à les recevoir.

Pour Véronique « le confinement » à commencer quelques mois plus tôt. Ce n’était pas à cause d’un virus, ni d’une crise sanitaire mondiale, mais par le simple fait d’un petit accident.
Véronique décrit ce repos forcé, comme un entraînement.
C’est d’autant plus comparable, que les 3 années précédentes ont été menées tambour battant. Véronique avait une vie professionnelle très euphorisante avec un rythme actif, voire très actif, dit-elle. 
Alors qu’elle apprend que ce contrat se termine, elle se casse le poignet et la vie trépidante s’arrête d’un coup. Au regard de ce qui allait se produire quelques mois plus tard, Véronique dépeint cette période comme un entraînement au confinement.

Un changement en amenant un autre, Véronique va quitter son statut de freelance pour s’engager dans un nouveau défi professionnel et intégrer un poste à responsabilités dans une société dès le 2 mars.
Alors, pourquoi ne pas profiter des deux mois qui séparent les fêtes de fin d’année à cette échéance pour réaliser un très beau projet : un voyage familial aux États-Unis.
Véronique part donc avec ses trois enfants. C’est la veille de leur retour, alors qu’ils sont dans le quartier chinois de New York, ils apprennent par écrans interposés, la mise en quarantaine de la ville de Wuhan en Chine.
Drôle de lieu pour une drôle d’info !

Si, à partir de ce moment-là, Véronique suit l’actualité, elle n’a cependant pas vécu l’arrivée du confinement comme une lame de fond, ou un choc majeur.

Du repos forcé avant les fêtes de Noël.
Un voyage familial réussi.
Du temps devant soi avant de se lancer dans un nouveau job.
La vie à cet instant est faite à la fois de choses positives et de sorties de zone de confort. C’est une période remplie de variations « du coup, l’annonce du confinement était une forme de continuité ; il fallait s’adapter ».

Et pour preuve : sa vie professionnelle redémarre le 2 mars et hop ! s’arrête à nouveau le 16 mars. Pas tout à fait, puisqu’elle poursuit sa mission en télétravail. Mais, c’est tout de même le retour à la maison.

Bien entendu, Véronique précise qu’elle ne minimise pas la crise sanitaire, ni les difficultés des uns et des autres qu’elles soient financières ou bien que le cadre de vie n’offre pas de conditions acceptables pour vivre au mieux cette situation inédite et que ces retrouvailles forcées avec soi-même ne sont pas faciles à appréhender pour tous.

Le choc frontal, celui qui chamboule toute une vie, Véronique l’a déjà vécu

Alors que je m’étonne presque de cette sérénité assumée, que je partage avec elle mon interrogation, que j’insiste sur le fait que majoritairement le confinement a été vécu comme « un choc », « un événement traumatisant », Véronique s’engage sur un chemin plus personnel.

Le choc frontal, Véronique l’a déjà vécu. Il y a 20 ans, lorsqu’un chauffard a ôté la vie à sa mère, d’un coup. « Sur le moment, on se demande si l’on a la capacité à se relever. Puis, avec le temps, on se dit que l’on a qu’une vie… Et enfin, on arrive à vivre chaque jour comme un beau jour. »
Résilience. Ce concept est inscrit dans le schéma de vie de Véronique depuis toutes ces années. Cependant, elle s’interroge sur cette capacité à la résilience : « sera-t-elle toujours présente si je devais revivre une perte si douloureuse ? »
Ce deuil, vécu si jeune a orienté toute sa vie et Véronique ajoute : « j’ai su transformer cette perte en quelque chose de positif, cela m’a rendue plus forte ».

Depuis, Véronique tente d’être heureuse de chaque chose qui arrive et transmettre à ses enfants la valeur de la vie, l’importance de faire attention à soi et aux autres…

Alors, vous comprenez, le confinement…

Du nid familial à l’environnement proche

Si Véronique refuse l’image de « la mère poule » qui empêcherait ses petits de s’envoler du nid, elle reconnait avec une réelle satisfaction que le confinement lui a offert l’occasion de reconstituer le nid familial.

Une mère très occupée professionnellement.
Une fille aînée qui étudie en Espagne.
Deux ados, l’un au collège, l’autre au lycée.
Les temps familiaux se sont réduits au fil des années. Chacun a ses activités, un rythme contraint par les horaires scolaires ou professionnels.

Et là, hop ! Tous se retrouvent à la maison, avec en prime le petit ami de la fille aînée.
Et du temps, car même si l’organisation des temps scolaires a été compliquée (sans doute le plus gros challenge du confinement pour Véronique), « on réapprend à vivre ensemble : balade à vélo, petits plats cuisinés, discussion sur fond d’actualités. » Car, même si Véronique souhaite protéger sa famille du flot médiatique et anxiogène, du compteur journalier qui annonce le nombre de morts ; ses enfants eux suivent partiellement l’évolution de la pandémie. Les questions doivent trouver des réponses, mêmes partielles pour laisser la peur derrière l’écran de télévision et ne pas la laisser pénétrer le foyer.

Echappée virtuelle ou comment exprimer son vécu du confinement

C’est en fait, un « retour à l’essentiel ». Ce confinement a remis les petites attentions au centre du quotidien : prendre des nouvelles plus régulièrement que d’habitude des personnes qui nous sont chères, renforcer les liens, laisser un petit mot solidaire pour les éboueurs, redonner du sens aux choses qui nous entourent.

Et il y a aussi l’effet « proximité ». Si les consignes de déplacement obligent à ne pas dépasser une zone d’un kilomètre, elles offrent aussi l’occasion de découvrir la nature à portée de roue de vélo… cette nature que finalement la famille n’avait jamais pris le temps de véritablement explorer : les vignes, les sentiers, les taureaux, les chevaux… et les voisins ! Sans le confinement, est-ce que Véronique aurait fait connaissance de sa proche voisine, installée depuis quelques mois ? Pas sûr !

Et le 11 mai ?

Le 11 mai ! A part le fait qu’il n’y aura plus d’attestation et une plus grande latitude dans nos déplacements… Véronique n’attend, ni ne redoute ce fameux 11 mai.

Mais, elle a un espoir !
Le fait que cet électrochoc mondial, car c’est bien toute la planète qui est touchée par ce virus, nous fasse prendre conscience et agir pour un changement dans la manière de gérer le monde.
Véronique espère que cet événement sans précédent va permettre aux personnes politiques, scientifiques, et celles du monde économique d’opérer des changements notables pour « faire un beau pas en avant ! ».

Optimiste ?
C’est selon chacun, mais une chose est certaine, c’est bien la signature de Véronique.